Etre catholique en terre communiste : en France, c’est toujours un calvaire
Stains, territoire islamo-communiste, aux portes de Paris, 2006.
"Pour la messe, je squatte. Et nos enterrements sont plutôt sportifs" : le curé fait mine d’en rire, mais il a le coeur gros devant son église fermée depuis dix ans.
Portes closes, la façade mangée par de lourds étais, Notre-Dame de l’Assomption a triste allure au centre de Stains, banlieue communiste qui cultive ses 73% de logements sociaux !
Messes, baptêmes, mariages ou enterrements sont célébrés dans un hangar blotti à l’arrière, capable d’accueillir 150 personnes contre 500 dans l’église. Les cercueils se faufilent dans un passage où traînent des détritus.
"J’ai vu mieux dans les bidonvilles", ironise le père Daniel Roussière qui a longtemps vécu à Haïti avant de venir à Stains il y a trois ans. "On ne demande pas Notre-Dame de Paris, mais il faut un minimum de décence".
Depuis le XVIe siècle, l’église a connu bien des vicissitudes. Un temps privée de cloches durant la Révolution dite française, en 1793, elle est bombardée en 1870, perd son clocher en 1951 avant d’être fermée en 1995 pour "raisons de sécurité". Un retable et une toile classés sont au musée de Saint-Denis.
Désintérêt, manque d’argent, priorité à d’autres projets comme les écoles : la municipalité communiste, propriétaire de l’édifice aux termes de la loi de 1905, laisse bien volontiers traîner. Elle vient fort heureusement de se faire sonner les cloches par les paroissiens qui lui ont remis fin janvier une pétition réclamant un lieu de culte décent, signée par plus de 6.000 personnes.
Les catholiques pratiquants réguliers, dont beaucoup d’origine africaine ou antillaise, ne comptent pourtant guère plus de 1,08% des 32.839 habitants selon un recensement de janvier 2000. "Beaucoup d’habitants soutiennent la pétition, y compris des musulmans : ils ont le même problème", explique Nicolas, étudiant catholique de 20 ans.
"Quand j’étais petit, j’aimais la hauteur de l’église, les vitraux, le tableau que je trouvais magnifique", se souvient-il. "Là on a un local cimenté par terre, avec de la peinture écaillée".
Pour le père Daniel, très politiquement correct, "le débat dépasse les vieilles pierres : l’Eglise n’a pas la prétention d’ériger des clochers pour écraser la cité mais pense pouvoir contribuer à des banlieues plus humaines".
"Il est certainement positif que les jeunes aient des lieux de rassemblement dignes et beaux, plutôt que des cages d’escalier", insiste-t-il, évoquant les émeutes de novembre 2005. "Il faut trouver de la joie à rencontrer l’autre, pas seulement le tolérer, avoir un lieu de guérison intérieure au lieu de créer des cellules psychologiques en cas de problèmes".
Dans le quartier du Clos Saint-Lazare voisin, les Chantiers du Cardinal, fondés en 1931 pour financer de nouvelles églises dans Paris et sa banlieue, vont investir près d’un million d’euros pour remplacer un préfabriqué installé depuis 1969.
"Mais notre église historique du centre-ville a une valeur importante pour les Stanois d’origine comme pour ceux qui viennent d’ailleurs", plaide le curé. "La municipalité aurait pu gérer ce dossier de manière plus réaliste, mais ce n’était pas une priorité politique."...
La mairie assure étudier "deux solutions" : l’une sauvegarderait l’église actuelle, la seconde "dont la faisabilité reste à vérifier" conserverait quelques vestiges avec un nouvel édifice qui serait "une salle cultuelle de 250 à 300 places modulables, plus proche d’une grande salle polyvalente que d’une église traditionnelle". Et ainsi la mairie pourrait exiger que cette salle - lui appartenant et ne ressemblant pas à une église - soit alloué à d’autres cultes, le vendredi...
Décidément, de La Corée du Nord à Cuba, en passant par Pékin ou Stains, il ne fait pas bon être chrétien en terre communiste.
Accueil 
