La France n'a pris aucune décision sur une évacuation de ses ressortissants installés au Tchad et a démenti le bombardement jeudi par des avions français de villes aux mains des rebelles.
Le porte-parole du ministère de la Défense, Jean-François Bureau, a cependant indiqué qu'un Mirage avait effectué un tir de semonce mercredi pour envoyer un "signal politique" aux belligérants.
"La montée de la colonne (...) a conduit à ce tir de semonce, destiné à parfaitement manifester notre volonté de garantir la protection de nos ressortissants", a-t-il dit jeudi.
"C'est un signal adressé aux belligérants et aux rebelles qui, je crois, l'ont parfaitement compris comme tel".
Laono Gong, représentant en France du Front uni pour le changement démocratique, avait affirmé un peu plus tôt que des "bombardements français" avaient fait des victimes jeudi dans deux villes proches de la frontière avec le Soudan.
Jean-François Bureau a réaffirmé lors d'un point de presse que l'unique tir d'avertissement avait eu lieu mercredi "dans une zone qui est complètement en dehors de N'Djamena" et qu'il n'avait pas de lien avec les événements de jeudi.
Néanmoins, des avions français ont survolé dans la matinée les colonnes rebelles "pour identifier leur position" et "faire du renseignement", a-t-il précisé.
"A l'heure où nous parlons, aucune décision sur l'évacuation de nos ressortissants n'est prise", a ajouté le porte-parole du ministère de la Défense.
"Les plans de sécurisation de la communauté française et des autres communautés expatriées sont bien évidemment à jour et peuvent être activés à tout moment", a souligné de son côté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattei, qui a renouvelé les consignes de "grande prudence" émises mercredi par l'ambassade de France au Tchad.
"La situation au Tchad reste très préoccupante et évolutive", a-t-il ajouté, précisant que le lycée français de N'Djamena restait "fermé jusqu'à nouvel ordre".
Aux termes d'accords de coopération militaire datant de 1976, Paris dispose d'environ 1.200 militaires au Tchad dans le cadre de la mission "Epervier", prêts à participer à une opération d'évacuation des expatriés.
La présence militaire française a été renforcée mercredi "compte tenu d'une situation éminemment fragile". Au total, 150 militaires supplémentaires, stationnés habituellement au Gabon, ont été envoyés au Tchad.
Selon des témoins et des diplomates à N'Djamena, des rebelles sont entrés jeudi matin dans le nord-est de la capitale tchadienne. La présence d'une colonne d'une soixantaine de véhicules avait été signalée mercredi soir à une quarantaine de kilomètres de la ville.
"Je ne souscrirai pas forcément à une formule du type 'la bataille de N'Djamena' a commencé. Cela ne me paraît pas certain", a estimé Jean-François Bureau.
"Il nous apparaît que ce qui s'est passé dans la matinée, ce sont plutôt des actions isolées, ponctuelles qui ne traduisent pas une action coordonnée", a-t-il ajouté.
"Quelques véhicules" sont entrés à N'Djamena mais "l'essentiel de la colonne a été arrêtée par l'armée tchadienne dans sa progression dans la soirée d'hier", a souligné le porte-parole, qui a réitéré la position française condamnant "toute escalade de la violence destinée à prendre le pouvoir par la force".