Un minaret en Vendée
Un minaret de 14 mètres de hauteur au coeur de la Vendée ? A l'origine de la « croisade » très médiatisée de Philippe de Villiers contre l'islamisation de la France, la construction d'une mosquée dans « son » fief, à La Roche-sur-Yon. Emu, le chef vendéen et président du MPF fait de ce minaret en projet un symbole saisissant pour soutenir qu'« on est en train de vivre avec les mosquées ce qui s'est passé avec les églises romanes au haut Moyen Age » (voir Le Point n° 1753).
Si la hauteur du minaret est de 14 mètres, cette dimension est à relativiser. « Il est bien plus petit que les bâtiments voisins ; il ne saurait constituer une "agression" dans le quartier », indique-t-on à la mairie (socialiste). Où l'on souligne qu'« il s'agit d'abord d'un élément de décor, architectural, pas fonctionnel ». Précision : « Il n'est pas question d'y abriter un muezzin, ni d'y installer des haut-parleurs pour lancer des appels à la prière. »
Jusqu'alors, les musulmans de La Roche-sur-Yon pratiquaient leur culte dans une salle de prière prêtée par la mairie. En 2004, l'association Vendée Maghreb acquiert un terrain de 3 000 mètres carrés rue Pierre-Bacqua afin d'y construire une mosquée pouvant accueillir de 400 à 500 personnes. Le budget (921 000 euros) est pris en charge par des dons -aucun argent public n'est engagé. Le projet, présenté aux instances consultatives du quartier, est visible sur Internet (mosqueedelarochesuryon.com). Le permis de construire a été délivré le 29 août 2005.
« Pourquoi M. de Villiers n'a-t-il pas contesté ce permis pendant le délai légal ? » s'interroge Charqui Kerrou, président de l'association Vendée Maghreb. Dans ce département où vivent environ 1 000 familles musulmanes (et pas forcément pratiquantes), le dossier ne suscite aucune opposition affirmée. « Ma famille est à La Roche-sur-Yon depuis trois décennies, précise Charqui Kerrou, d'origine marocaine. J'ai sept enfants, ils sont tous nés en France, ils ont été scolarisés ici, ils ne connaissent même pas l'autre côté de la Méditerranée. Si M. de Villiers a besoin que je le rassure sur notre mosquée, je peux l'appeler... »
Le Point