La presse est souvent créditée d'être le "quatrième pouvoir" dans les démocraties, après le législatif, le judiciaire et l'exécutif, et elle s'en flatte. Mais un tel cliché est dangereux, car seuls les régimes totalitaires prétendent utiliser la presse comme une "opinion publique".
Le rôle de la presse serait plutôt d'être un porte-voix, un miroir de la société, un relais entre gouvernants et gouvernés, mais aussi un réel contre-pouvoir grâce à son devoir d'investigation.
Les politiques se servent de la presse pour leur publicité et la presse se sert des politiques pour ancrer dans l'opinion son statut privilégié de porte-parole. Il en résulte une surcouverture du politique qui se réduit le plus souvent à la mise en scène des grands ténors et à l'éxégèse des "petites phrases".
Dans l'audiovisuel, il est admis que l'image est supérieure au son en termes de hiérarchie. Mais qu'est-ce que l'image sinon le reflet partiel ou déformé d'un ensemble ?
Les journalistes font souvent passer des interprétations comme des réalités qui ne supportent pas de commentaires. Signe des temps : une minute et vingt secondes d'interview est présentée comme un "reportage"; le témoin d'un accident qui n'a rien à dire devient un "document". Emballage d'autant plus prestigieux que le paquet est vide ...