Iran bientôt de nouveau sur le devant de la scène?

02/11/06
L'Orient le jour

L’Iran organise à nouveau, à partir d’aujourd’hui, d’importantes manœuvres militaires, en pleine crise nucléaire avec la communauté internationale.
Ces manœuvres, intitulées « Grand Prophète II », ont pour objectif de « montrer la puissance et la volonté du pays à se défendre face aux menaces », a déclaré le général Yahya Rahim Safavi, commandant des Gardiens de la révolution. Elles se tiendront pendant dix jours dans 14 provinces d’Iran, dont celles bordant le golfe et la mer de Oman. « Nous allons lancer des missiles Shahab-2 et Shahab-3 avec une charge à fragmentation ayant une portée de plus de 1 000 km », a déclaré M. Safavi. Le missile Shahab-3 a une portée de 2 000 kilomètres, selon l’Iran. Ce sera la première fois que cette arme, qui avait subi jusqu’ici seulement des tirs d’essai, sera utilisée dans des manœuvres réelles.
Il a ajouté que « différents types d’avions (...), des dizaines d’autres types de missiles, notamment des missiles Fateh et Zolfaghar avec une portée de 150 km, seront utilisés lors de ces manœuvres ». Il a aussi précisé que les forces terrestres des Gardiens de la révolution mèneront des « opérations héliportées dans la région de Hormozgan (où est situé le détroit d’Ormuz) et dans certaines îles du golfe Persique ». Les forces iraniennes procéderont à cette occasion à des tirs de missiles terre-mer dans le golfe et en mer de Oman.
« L’objectif des manœuvres est de défendre le territoire, les passages stratégiques mais aussi de faire face à d’éventuels troubles », a ajouté M. Safavi. Le détroit d’Ormuz est la principale voie d’exportation du pétrole produit dans le Golfe. « Ces manœuvres ne représentent pas une menace pour les pays voisins », a encore dit le général iranien, en assurant que « tous les pays voisins sont des amis et nos ennemis sont aussi les leurs ».
Le général Safavi a toutefois mis en garde contre toute tentative d’action militaire contre son pays. « Si les forces non régionales veulent mettre en danger la sécurité et les intérêts de l’Iran, les Gardiens de la révolution et les bassidjis (milices islamistes) utiliseront toute leur capacité pour attaquer les ennemis », a-t-il dit.
Ces manœuvres interviennent alors que les États-Unis et cinq autres pays (Australie, France, Italie, Grande-Bretagne, Bahreïn) ont lancé lundi un exercice naval de lutte contre la prolifération nucléaire dans le Golfe, à proximité des eaux iraniennes. « Il s’agit de manœuvres de propagande sans intérêt militaire », a déclaré M. Safavi, a propos des manœuvres de lutte contre la prolifération organisées par les États-Unis et leurs alliés.
Les manœuvres des Gardiens de la révolution sont également organisées alors que les grandes puissances, dont les États-Unis, la Russie et la Chine, ont commencé à discuter d’un projet de résolution présenté par les trois Européens (Allemagne, France, Royaume-Uni) qui prévoit un embargo sur tout matériel ou équipement pouvant contribuer aux programmes nucléaire et de missiles balistiques de l’Iran, ainsi que sur toute fourniture d’assistance ou de formation technique ou financière liée à ces programmes. Les Occidentaux se heurtent aux réticences de la Russie et de la Chine, qui entretiennent des relations économiques significatives avec l’Iran.
Les Gardiens de la révolution avaient déjà organisé en avril dernier les manœuvres « Grand Prophète », lors desquelles ils avaient testé de nouveaux missiles et des avions de combat.

Ces événements interviennent suite à cela :

Iran : Les manœuvres navales internationales intimident les mollahs

A propos des manoeuvres navales conjointes des forces USA-France-UK-Italie-Australie-Bahreïn dans le Golfe Persique, les réactions parvenant de Téhéran sont de plus en plus divergentes et laissent entendre que le régime des mollahs est effectivement bien inquiet.

Citation :

Avant hier, Gholam Hossein Elham, le porte-parole du gouvernement d’Ahmadinejad, avait déclaré : « pour l’Iran il s’agit de choses sans importance », et ce alors même que les journaux iraniens (sous contrôle gouvernemental) titraient que les manoeuvres étaient une menace pour le pays.

Elham avait en outre annoncé qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter puisque l’Iran est un pays pacifiste. Et lui-même en bon pacifiste avait cependant demandé à ces pays « démoniaques » de ne pas s’ingérer dans une région en paix.

S’exprimant sur le sujet du dossier du nucléaire iranien, il s’était fait menaçant à l’encontre du groupe 5+1 en disant qu’ils faisaient une erreur en envoyant l’Iran devant le Conseil de Sécurité et les responsables allaient bientôt avoir de sérieux ennuis.

Au lendemain même de ces propos pacifistes, on pouvait lire dans la presse que les manoeuvres multinationales étaient sans aucun doute un message de la part des USA et de leurs alliés à l’intention de la république islamique. Dans la même presse, les journalistes se déchaînaient sur les USA et « les pays à leur solde » en prétendant que les efforts des grandes puissances militaires étaient de faire pression sur les pays arabes de la région pour qu’ils votent contre l’Iran au Conseil de Sécurité. La presse iranienne estimait que les américains avaient franchi une étape et menaçaient la sécurité de la république islamique iranienne.

Le lendemain, les médias du régime iranien s’en sont aussi pris violemment à trois autres pays qui bien que ne participant pas aux manoeuvres sont présents en tant qu’observateurs : le Qatar, les Emirats Arabes Unis et le Koweït, tous trois arabes et musulmans et sunnites.

Faut-il y voir une menace de déstabilisation de ces pays par des agents infiltrés de Téhéran ? Sans nul doute. Il ne faut pas oublier que de très importantes populations iraniennes vivent dans ces pays, et que loin d’être des opposants au régime de Téhéran, il s’agit même de fidèles et proches des mollahs qui organisent une très forte contrebande avec l’Iran avec l’aval les mafieux du régime qui se servent au passage. Cette population atypique composée de Pasdarans et de mollahs sont également des agents dormants qui pourraient organiser des émeutes dans ces pays si nécessaire.

Par ailleurs et c’est une inquiétude constante des pays de la région, Irak en tête : les chiites locaux obéissent souvent plus facilement à un ordre venu de Téhéran qu’à ceux venant de leurs gouvernements. La présence des navires de guerre pendant ces manœuvres a contribué à arrêter pour un moment la contrebande dans cette région, mais dès que les manoeuvres cesseront, tout reprendra comme avant.