Le flou persiste sur les incidents de la Cour suprême de justice de mardi 21 novembre 2006. Les explications contradictoires données par les ténors de la Monuc ont été peu convaincantes. La Mission des Nations Unies au Congo (Monuc) semble avoir rompu avec son, attitude de neutralité légendaire dans le processus de transition en République démocratique du Congo. La presse congolaise s’en est rendue compte mercredi au cours de son point de presse hebdomadaire. Contrairement à la pratique, les membres du staff de la Monuc donnaient des versions presque contradictoires sur les incidents survenus mardi 21 novembre, devant la Cour suprême de justice (CSJ).
Selon le chef de l’information publique militaire, le lieutenant-colonel Stéphane Lescoffit, la Police nationale congolaise - (PNC) est intervenue pour disperser un attroupement d’environ 200 personnes devant la Cour suprême de justice. A la suite d’un tir des grenades lacrymogènes, des éléments incontrôlés ont tiré sur les unités de la police d’intervention rapide et incendié l’un de leurs camions, provoquant ainsi le retrait de la police.
Et Kemal Saïki, porte-parole, de renchérir que ces éléments incontrôlés détenaient des armes d’assaut et des RPG. Malgré cette intervention musclée d’éléments incontrôlés, soutient Lescoffit, il n’y a pas eu de morts, mais plutôt des blessés légers. Saïki a refusé de confirmer que les blessés légers dont il est question, ont reçu des balles tirées par les éléments incontrôlés. Ce sont plutôt les projectiles lancés par les manifestants qui ont occasionnés des blessures mineures.
Controverse autour des tirsComment les éléments incontrôlés ont-ils alors ouvert le feu sans blesser quiconque? Lescoffit explique sans trop de précision que les éléments incontrôlés, ceux de la PNC et les casques bleus tiraient tous en l’air. « Je n’étais pas personnellement sur les lieux », s’est-il excusé. Le chef d’Etat-major de la Monuc, le général Christian Houdet a soutenu, de son côté, que les éléments incontrôlés ont tiré sur les éléments de la police, mais sans faire des blessés.
Quant au Chef de la police civile de la Monuc, Daniel Cure, il a affirmé que ces éléments incontrôlés ont agi ainsi dans le seul but de provoquer une riposte de la police. Il a félicité la PNC pour sa bravoure et sa réticence à utiliser les armes à feu pour contenir les manifestants.
Le flou persisteLes explications contradictoires données par les ténors de la Monuc ont été peu convaincantes. Stéphane Lescoffit a tout de même indiqué que la Mission a déployé 150 hommes du bataillon uruguayen et les transports de troupes blindés pour renforcer le dispositif du contingent tunisien placé autour de la Cour suprême de justice.
Au même moment, les éléments de l’Unité de police intégrée et des services de sécurité de la Monuc ont évacué les personnes qui se trouvaient à l’intérieur du bâtiment.
L’incendie s’est déclaré à causé des cocktails molotov lancés par des manifestants, balayant d’un revers de la main la thèse selon laquelle, des casques bleus et des policiers ont été aperçus dans un des locaux incendiés de la Cour suprême quelques minutes avant qu’il prenne feu. Une demi-heure après, la situation a été maîtrisée, s’est-il félicité, allusion faite aux trois heures prises pour mettre fin à l’affrontement du 11 novembre dernier à la Gombe.
Kemal Saïki a saisi l’occasion pour inviter les congolais à rester calmes et unis, en attendant l’arrêt de la haute Cour sur la requête du candidat de l’Union pour la Nation (UN). « Les responsables politiques ont le devoir d’appeler leurs supporters et électeurs au calme et au respect du verdict des urnes », a-t-il déclaré.
Le porte-parole a dit que le dispositif sécuritaire va être renforcé à la CSJ. Les incidents du mardi ont même fait l’objet d’une réunion urgente entre membre du CIAT.
William Lacy Swing, porte-parole de cette structure, s’est entretenu le même mardi avec Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba. Au sujet des concertations entre les camps Bemba et Kabila Jean-Tobie Okala porte-parole adjoint a confirmé que les réunions se tiennent chaque jour au quartier général de la Monuc. Les représentants de chacun des deux camps sont très occupés avec leurs tâches parlementaires, mais ils n’ont pas rompu les négociations. « A chaque crise, nous apprenons toujours quelque chose, et tout avance bien», a-t-il souligné
En ce qui concerne la situation sécuritaire dans, le reste du pays, Lescoffit a indiqué qu’en Ituri, les pourparlers entre les différentes milices et le gouvernement sont arrivés à point nommé pour permettre la stabilité de ce district.
La 13ème brigade intégrée se met progressivement en place. Une délégation gouvernementale s’est rendue en Ituri pour finaliser le processus de reddition des miliciens, à la suite de la nomination de leurs différents chefs à certains grades dans l’armée congolaise.
Jean-Tobie Okala a rappelé que le 20 novembre est la journée internationale consacré aux enfants. La Monuc met en garde la population et les autorités contre la tendance à accuser les Shégués de tous les problèmes d’insécurité à Kinshasa. « Se servir des enfants, comme bouc-émissaire semble être malheureusement l’option choisie en RDC où la violence contre les enfants apparaît comme un fait banal » a-t-il fait remarquer.
Financement des scrutins annulés; la Monuc embarrasséeAbordé sur la question de financement des scrutins législatifs annulés par la Cour suprême de justice, Kemal Saulci a répondu qu’il ne faut pas spéculer sur les intentions de la communauté internationale Jean-Tobie Okala qui a toujours vanté la générosité de la communauté internationale, a refusé de répondre à cette question, l’estimant ne pas être de sa compétence.