L’Eglise fêtait, hier, veille de Noël, la mémoire de saint Charbel Makhlouf, chrétien maronite libanais mort en 1898, qui passa sa vie en ermite près du monastère Saint-Maroun d’Immaya, dans la grande montagne levantine.
Ce Noël est, cette année plus que jamais, le Noël des chrétiens d’Orient, ces premiers chrétiens aujourd’hui minoritaires sur la terre même du Christ. Ils sont menacés physiquement -dans l’Irak voisin-, livrés aux guerres inter-religieuses -le Liban a été dévasté cet été- ou désormais à la guerre civile et à la discrimination, au sein même de l’Autonomie palestinienne.
Leurs communautés, décimées par un exil qui va s’accélérant, ne sont plus que l’ombre de cette grande chrétienté sur la terre qui fut la première évangélisée. Cisjordanie et Gaza comptaient 20% de chrétiens en 1948: ils n’en comptent plus que 2%.
La communauté chrétienne palestinienne, vieille de deux millénaires, de six siècles antérieure à l’islam, pourrait avoir disparu d’ici quelques années.
Jeudi 21décembre, Benoît XVI s’est tourné vers Bethléem, lieu de naissance du Christ (95% de chrétiens en 1948, 25% aujourd’hui) pour dénoncer «les horreurs de la guerre qui s’est déroulée en Terre Sainte». Le Vatican a envoyé un million d’euros aux franciscains de la région afin d’aider au maintien de la présence chrétienne dans «le pays de Jésus». Le patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabbah, déplore, «que Noël arrive, cette année encore, avec le mur et les barrages sur la terre et dans les cœurs».
Le maire de Béthléem, Victor Batarseh, confie que «ce sera un Noël très triste, à cause de notre terrible situation économique: 70% de mes administrés sont en-dessous du seuil de pauvreté, le taux de chômage atteint 65%. Comment voulez-vous, dans ces conditions, profiter de Noël quand vous ne pouvez même pas nourrir vos enfants?»
L’édile n’attend cette année que 10000visiteurs, la plupart venus des Territoires, contre plus de 50000 avant les deux intifadas.
En France, Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a rendu visite hier soir à la communauté maronite de la paroisse Notre-Dame du Liban, après avoir rencontré les catholiques grecs-melkites.
A Montpellier, les frères Carmes, en lien historique avec l’évêque latin de Bagdad qui est traditionnellement l’un des leurs -Mgr Jean Sleiman à ce jour-, témoignent de la violence subie par les chrétiens irakiens. Le nombre de fidèles des Carmes de Bagdad a chuté de 200 à 50.
«La situation irakienne est catastrophique, avec ses menaces d’enlèvement permanentes; notre ordre a reçu une lettre alarmante, évoquant une réalité pire encore que celle qui est rapportée par les médias», confie Thierry-Joseph Gaxatte, prieur à Montpellier.
Pour autant, dans Bagdad ravagée, l’ordre des Carmes vient d’accueillir quatre nouvelles vocations.
Gabriel LEON
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