Argent du tsunami: la Cour des comptes n'a rien trouvé de "scandaleux"
AP | 03.01.2007 | 18:12
Les donateurs "n'ont pas à considérer qu'il y ait eu quoi que ce soit de scandaleux dans l'utilisation globale de l'argent du tsunami", a assuré mercredi Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes. Dans un rapport, l'instance émet toutefois des "recommandations" ou des "réserves" pour 17 des 32 principales ONG françaises intervenues en Asie du Sud.
Après la vague qui a fait 230.000 morts ou disparus le 26 décembre 2004, les associations humanitaires françaises ont reçu 323 millions d'euros de dons. Au 31 décembre 2005, seulement 38% de cette somme (124 millions d'euros) avaient été utilisés pour des actions en faveur des victimes du tsunami.
"C'est terrible à dire mais il y a eu trop d'argent par rapport aux besoins d'urgence", a déclaré Philippe Séguin. Selon lui, les problèmes urgents -identification des corps, construction d'abris, rétablissement de l'eau- se sont réglés "en l'espace de quelques semaines".
Médecins sans frontières avait annoncé dès le 3 janvier 2005 la suspension de sa collecte pour l'aide d'urgence, suivi en cela par Handicap International et le Comité français pour l'UNICEF. "Mais d'autres ont continué à recevoir", a commenté M. Séguin. Or "on a lancé un appel parce qu'il y a eu une catastrophe, on n'a pas lancé un appel parce qu'il y a des inégalités dans le monde".
Certaines ONG confrontées à un surplus ont décidé d'utiliser les sommes pour d'autres missions sans en référer aux donateurs, ce que réprouve la Cour des comptes. Philippe Séguin a toutefois considéré que "globalement, on peut dire que l'intention des donateurs a été respectée".
La Cour a donc approuvé les comptes de 32 ONG qui avaient reçu à elles seules 90% des dons pour le tsunami, mais elle a émis des réserves pour huit d'entre elles et des recommandations pour neuf autres, les 15 restantes n'amenant aucune critique de sa part.
Philippe Séguin a reconnu quelques cas de corruption: "qui dit sous-développement aggravé par la guerre civile dit souvent cas de corruption". Les montants n'étaient cependant pas importants, "pas au point de remettre en cause le jugement globalement favorable que nous avons émis sur l'utilisation des fonds".
L'ancien président de l'Assemblée nationale a également admis qu'"il y a eu effectivement des opérations de concurrence absurde" entre ONG. "Mais c'était probablement difficile à éviter".
Pour leur part, les associations insistent sur le travail accompli sur le terrain. La Croix-Rouge française, qui fait l'objet d'une recommandation pour ses 85% de ressources non utilisées au 31 décembre 2005, estime avoir aidé en deux ans 775.000 personnes en Indonésie, au Sri Lanka, aux Maldives, en Inde et en Thaïlande à travers 157 programmes d'aide (soins, hygiène, reconstruction de maisons et d'équipements sanitaires. Elle précise avoir dépensé, fin décembre 2006, 45 millions sur les 113 millions d'euros collectés.
Le Secours catholique indique avoir dépensé 14 de ses 36 millions d'euros collectés, ce qui lui a permis notamment de bâtir 7.000 maisons et 400 écoles. Il explique avoir ré-alloué 500.000 euros du budget tsunami à des programmes d'urgence pour les victimes de la guerre civile au Sri Lanka. Les donateurs en ont été informés et peuvent demander une autre affectation ou un remboursement de leurs dons.
Médecins du Monde affirme de son côté avoir dépensé 3,6 millions d'euros sur le tsunami et avoir réaffecté 6,8 millions d'euros sur des "crises oubliées" (Afghanistan, Soudan, Birmanie). AP