Apprentissage: les syndicats entre réserve et hostilité face aux projets du gouvernement
PARIS (AP) - Les syndicats sont très réservés -voire hostiles pour les fédérations enseignantes- face aux projets évoqués par le gouvernement en matière d'apprentissage à partir de 14 ans, même si le première année devrait se faire en lien avec le milieu scolaire.
A l'approche de la conférence de presse jeudi de Dominique de Villepin consacrée essentiellement à l'éducation et à l'apprentissage, voici le point sur les positions de trois confédérations et du premier syndicat des collèges et lycées:
Bernard Boisseau, secrétaire général du SNES (premier syndicat des enseignants des collèges et lycées):
"Ce qui est proposé reste une remise en cause de la scolarité jusqu'à 16 ans. Pour la première année, on tente de faire passer l'idée que ce ne sera pas vraiment de l'apprentissage puisqu'il y aura un lien avec le collège. Tout ça reste très flou et de toute façon, il reste un problème pour les deux années suivantes qui se feront en dehors du collège avec un contrat d'apprenti junior.
On parle aussi de passerelles permettant un retour dans le système éducatif. Mais jusqu'à présent, tous les gens qui sont partis vers l'apprentissage n'ont jamais refait le chemin inverse.
Il faut trouver des solutions adaptées aux jeunes en grande difficulté. On ne propose pas de les maintenir quoi qu'il arrive au collège sans rien bouger, mais il faut travailler à des solutions en convergence avec des lycées professionnels".
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO:
"Nous sommes opposés à tout ce qui pourrait ressembler à la remise en cause de la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans. En plus, on nous sort l'apprentissage comme réponse à la crise des banlieues mais ça ne réglera rien. Si on reste sur le terrain de l'éducation, il faut redonner la priorité à l'école républicaine. Ça signifie par exemple qu'il faut mettre moins d'enfants dans les classes. Par rapport à ce problème-là, on n'entend rien. Et on nous sort l'apprentissage à partir de 14 ans pour ceux qui décrochent du système scolaire alors que des gamins en sortent beaucoup plus jeunes".
Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la CGT:
"Nous pensons que c'est absolument catastrophique de mettre l'apprentissage en avant dans un tel contexte. Ça revient à considérer que l'apprentissage, c'est une filière réservée à ceux qui sont exclus du système scolaire. Avec cette proposition, on dévalorise un peu plus une filière qui mérite d'être mieux considérée. Nous ne sommes pas opposés à l'apprentissage qui est une filière qui doit avoir sa place. Mais il faut assurer une formation générale jusqu'à 16 ans puis enchaîner soit sur un prolongement de la scolarité, soit sur l'apprentissage d'un métier".
Jacques Voisin, président de la CFTC:
"La première question à poser est celle des acquis nécessaires avant de pouvoir envisager une orientation professionnelle. Ensuite, il faut que les jeunes concernés soient en mesure d'appréhender le monde de l'entreprise. Tout doit se faire sous statut scolaire et on doit aider la personne à se projeter vers un parcours professionnel. L'apprentissage ne doit pas être une relégation mais une vraie filière d'avenir valorisée.
A 14 ans, on peut commencer à s'interroger sur son avenir sans quitter l'école, pas entrer à préapprentissage. La question que nous posons, c'est: à quelle période on commence à parler d'orientation professionnelle, sans enfermer immédiatement les jeunes dans une filière?". AP