Bernard Planche : nouvelle version de sa libération
Bernard Planche se serait en fait libéré tout seul :
L'ingénieur français, âgé de 52 ans, s'est échappé samedi de la ferme où ses ravisseurs le retenaient prisonnier, après que ceux-ci eurent précipitamment abandonné les lieux, alors que les troupes américaines et irakiennes avaient bouclé la région, a expliqué le commandant Jim Crawford.
"Quand il a compris qu'il était seul et qu'il a vu les forces américaines s'approcher, il s'est échappé par une fenêtre", a raconté l'officier américain de la 10e division de montagne.
"Il s'est approché d'un poste de contrôle américain, les mains levées, et il a enlevé sa chemise pour montrer qu'il ne portait pas d'explosifs", a-t-il ajouté.
Bernard Planche, dont le nez a apparemment été cassé lors de son enlèvement à son domicile de Mansour, un quartier résidentiel de l'ouest de Bagdad, ne semblait pas avoir trop souffert de sa captivité, selon l'armée américaine. On apprend aussi, par Al-Jazeera, que : "He was held in a half-basement with a boarded-up window, but he was allowed to keep a diary and to listen to a radio."
Selon Georges Malbrunot :
Apparemment infondée, la rumeur le présentant comme un agent secret trouve son origine dans un élément de la vie de Bernard Planche qui a bénéficié, à un moment, d'un logement du ministère de la Défense dans la banlieue lyonnaise.
Les zones d'ombre de Monsieur Planche
Aventurier, espion ? Son existence instable, le silence de ses proches, sa curieuse présence à Bagdad : le parcours de Bernard Planche reste très flou. Il se disait « ingénieur » pour un association baptisée AACCESS.
Les ravisseurs l'auraient simplement laissé partir à la vue d'un contrôle : jusqu'aux conditions de sa libération - jamais vues - le parcours de Bernard Planche reste entouré de mystères. Après son enlèvement, filmé par une équipe de télévision, revendiqué par un groupe complètement inconnu nommé « Bataillon de la vigie pour l'Irak », l'absence totale de mobilisation publique autour de son cas n'a pas contribué à clarifier le personnage. Aventurier solitaire, agent double ?
Sa présence à Bagdad depuis plusieurs mois, dans une grande villa située dans un quartier réputé dangereux, n'a jamais été élucidée. Il se disait « ingénieur » pour un association baptisée AACCESS. Un sigle similaire à une ONG américaine, qui dit ne pas le connaître, dont il avait déposé les statuts, en octobre 2004 à la sous-préfecture de Villefranche-sur-Saône.
Tout aussi atypique, son existence marquée de zones d'ombre. Enfant de la Ddass à 2 ans à Clermont-Ferrand, il est aujourd'hui en conflit avec sa famille d'accueil, pour une affaire de succession. A chaque étape, le portrait est flou. En 1988, il est dans la région de Cherbourg, dans un bureau d'étude, puis à la tête d'une société d'aviation, sans grande consistance, qui laisse un mauvais souvenir à un des administrateurs.
Un improbable espion
A partir de 1991, il réside dans le Rhône, à Montagny, Villefranche-sur-Saône, Villeurbanne et Rillieux-la-Pape, sa dernière adresse connue. En 1994, il passe un séjour de six mois aux Émirats Arabes Unis, sur le chantier d'un complexe industriel, soldé par un conflit prud'homal avec son employeur. Il a prétendu apprendre le pilotage aux États-Unis, mais sa qualité d'ingénieur ne semble relever que d'un cours du soir effectué au centre national des arts et métiers (CNAM) de Lyon entre 1997 et 1998. En 2001, la création une station service près de Toulouse se termine en liquidation judiciaire. En 2003, l'association humanitaire Solidarités s'en sépare parce qu'il « ne respectait pas les règles de sécurité ». Ce profil évanescent, marqué d'instabilité permanente, colle mal avec un espion patenté. A moins que ses activités brouillonnes aient été utilisées par certains services, il semblait mener de maigres projets dans le chaos irakien. « Ne dérangez pas, pour les informations voyez le Quai d'Orsay » : hier, rue de Londres à Rillieux-la-Pape, dans la banlieue de Lyon, un papier collé sur la porte de son appartement résumait le mutisme qu'ont toujours observé ses proches.
Richard Schittly