Sarkozy : des voeux en forme de programme
Le ministre de l'Intérieur a l'occasion de répondre aujourd'hui à Dominique de Villepin. Hier, Nicolas Sarkozy a voté, au siège de l'UMP. D'un «clic», il a entré son identifiant et son code secret, avant de voter oui au projet de réforme des statuts de son parti qui doit notamment permettre à tous les adhérents de l'UMP de désigner, en 2OO7, leur candidat officiel à l'élection présidentielle. Le vote, qui se déroule sur Internet entre le 9 et le 21 janvier, devrait consacrer, sans surprise, les changements décidés par le bureau politique de l'UMP en décembre dernier. Pour Nicolas Sarkozy, il s'agit là de la validation d'une stratégie de présidentiable qui se construit d'abord sur la maîtrise de l'UMP.
Mais il lui reste, au-delà des adhérents de l'UMP, à séduire son camp et à faire mentir la prédiction de ses adversaires qui le voient incapable de faire un «bon candidat de second tour». «L'année 2005 a été une année clivante, l'année 2006 sera une année de rassemblement», promet Brice Hortefeux, ministre le plus proche de Nicolas Sarkozy. L'exercice des voeux à la presse devrait lui permettre d'aborder les grands sujets qui doivent camper la «vision» du futur candidat à l'élection présidentielle. Après le discours de politique générale qu'il avait prononcé lors de l'université d'été de La Baule, début septembre, l'objectif est désormais, pour Nicolas Sarkozy, d'imposer une «stature» et une «vision». A l'époque, son discours avait été éclipsé par l'hospitalisation de Chirac.
En ce début d'année, Nicolas Sarkozy se prépare à vivre six mois difficiles. Il confiait avant-hier, en marge des voeux au conseil général des Hauts-de-Seine, qu'il s'attendait à être «la cible de toutes les attaques». Bronzé, mais le visage fatigué, le président de l'UMP, qui a, selon ses proches, enduré «toutes les épreuves» depuis le mois de mai dernier, entend continuer de tracer son sillon, «quoi qu'il arrive». Et tenir bon jusqu'à l'été.
Car, son entourage en est persuadé, la situation politique à droite se décantera avant l'été. On saura alors, selon l'entourage du président de l'UMP, qui, de Villepin ou de Sarkozy, aura gagné le match des présidentiables. «Je parie qu'au mois de juin tout sera réglé. Soit Villepin s'écroule dans les sondages, et il n'y a plus de débat. Soit Nicolas s'écroule, et c'est l'incertitude car il aura toujours le parti. Et si les deux hommes sont à égalité, c'est Nicolas qui sort gagnant, parce qu'il sera désigné et soutenu par l'UMP», estime un intime du ministre de l'Intérieur.
Autre proche de Nicolas Sarkozy, François Fillon estime que «Nicolas Sarkozy est tellement installé dans la vie politique française qu'il ne peut plus être rattrapé. Il a encore devant lui quelques mois très difficiles. Après juin, il y a les grandes vacances, puis nous entrerons dans la campagne présidentielle. S'il n'a pas été rattrapé à ce moment-là, il sera inatteignable.» Il faut donc qu'il «évite les pièges qui ne manqueront pas de s'ouvrir sous ses pieds», ajoute l'ancien ministre, qui redoute que ses adversaires ne cherchent à «le mettre dans une situation aussi périlleuse que celle qu'il a traversée lors de la crise des banlieues».
Mais il ne s'agit pas seulement de pousser Nicolas Sarkozy à «la faute politique». Un autre proche du patron de l'UMP prévient : «Ils ont cherché des affairessans en trouver. Donc ils vont monter des coups imaginaires.»