La "majorité présidentielle" se prépare à la bataille des législatives
La commission des investitures, qui se réunit aujourd'hui, doit tenir compte des ralliements UDF, mais aussi régler des litiges internes à l'UMP. LE MARATHON recommence pour Jean-Claude Gaudin et Alain Marleix, respectivement président et vice-président de la commission des investitures de l'UMP. En novembre 2006, après un an de tractations, ils avaient bouclé une première liste de candidats aux législatives. Ils doivent aujourd'hui la compléter pour que les impétrants puissent se déclarer au plus tard le vendredi 18 mai en préfecture.
Les experts de l'UMP vont donc devoir faire vite pour régler les cas qu'ils avaient « réservés » et qui sont, logiquement, les plus difficiles. Première question : quel traitement réserver aux députés sortants UDF qui ont soutenu la candidature de Nicolas Sarkozy, ou qui se sont ralliés au président élu ? L'appel au « rassemblement » version Sarkozy ne supposait « ni reniement, ni renoncement », comme il l'a encore affirmé le soir de sa victoire. Qu'ils soient issus de l'UDF ou du PS, les nouveaux convertis pourraient conserver « leurs convictions et leur identité ». En contrepartie de leur soutien, l'UMP ne présenterait pas de candidat contre eux. Si toutefois ils s'engagent au minimum à ne jamais censurer le gouvernement.
Sur 30 UDF sortants, 22 ont déclaré vouloir travailler avec Nicolas Sarkozy (lire p. 17) L'UMP avait désigné des candidats contre deux d'entre eux, Francis Vercamer dans le Nord et Yvan Lachaud dans le Gard. La commission des investitures souhaitait les sanctionner pour avoir rejoint François Bayrou après s'être fait élire avec le soutien de l'UMP. Elle doit aujourd'hui trouver un moyen d'éviter ces duels programmés.
Capacité de nuisance
Le problème ne se posera pas pour les vingt autres centristes ralliés à Sarkozy, puisque leurs circonscriptions n'avaient pas été pourvues. Reste à régler le cas de François Bayrou et des cinq députés sortants qui lui sont restés fidèles. Selon toute probabilité, le nouveau président tranchera. L'ex-candidat de l'UDF a acquis une capacité de nuisance considérable dans toute l'Aquitaine, chez lui dans les Pyrénées-Atlantiques, bien sûr, mais aussi à Bordeaux, où Ségolène Royal est en outre arrivée en tête avec 54,66 % des suffrages dans la circonscription d'Alain Juppé, actuellement encore tenue par son premier adjoint à la mairie, Hugues Martin.
L'ancien président de l'UMP, qui estime avoir « commis une erreur » en 2002 en ne présentant pas systématiquement de candidat contre les sortants UDF, a refusé cette fois tout compromis. Il se présentera en tandem avec Hugues Martin dans son ancienne circonscription, au lieu de choisir un suppléant centriste, comme il en avait pris l'habitude. Mais il n'est pas certain que Nicolas Sarkozy, tout à sa volonté d'« ouverture », adopte un comportement aussi radical.
Les électeurs centristes, surtout quand ils ont voté Royal au deuxième tour de la présidentielle, sont potentiellement en mesure de provoquer des triangulaires dans plus de 400 circonscriptions. L'UMP doit ajuster sa stratégie en conséquence sur la façade méditerranéenne, dans l'Est et dans le Bassin parisien.
Le bon score de François Bayrou devrait notamment avoir une influence sur la désignation du candidat de l'UMP dans le XIIe arrondissement parisien, seule circonscription non pourvue de la capitale. La chiraquienne Catherine Colonna, pour quelques jours encore ministre délégué aux Affaires européennes, voudrait s'y présenter, mais Nicolas Sarkozy a d'autres projets.
Le XIIe pourrait servir de terrain d'atterrissage à Jean-Louis Borloo, en vue d'un affrontement avec Bertrand Delanoë aux municipales de mars 2008. En cas d'accord Sarkozy-Borloo, Françoise de Panafieu aurait du mal à rivaliser avec le centriste le plus populaire de l'UMP, même si les militants parisiens l'ont désignée pour affronter le maire socialiste de la capitale.