GDF/Suez: nouvelles explications de Mestrallet et Cirelli
devant les députés
Mercredi 19 juillet 2006, 08h42 - © AFPLes pdg de Suez, Gérard Mestrallet, et de GDF,
Jean-François Cirelli, jetteront toutes leurs forces, mercredi avant la trêve estivale, pour convaincre les députés, toujours rétifs, de la nécessité d'une fusion de leurs deux groupes.
Les deux pdg plancheront tour à tour devant les membres de la commission des Affaires économiques présidée par Patrick Ollier (UMP). Au cours de leurs auditions, ouvertes à la presse, ils répondront aux multiples questions que soulèvent la fusion GDF/Suez auprès des élus.
La semaine dernière, cinq députés -un chiraquien et quatre proches de l'ancien Premier ministre
Jean-Pierre Raffarin - ont fait écho des inquiétudes de leurs collègues. A commencer par l'opportunité d'ouvrir un débat aussi sensible au Parlement, lors de la session extraordinaire de septembre, si près des échéances présidentielle et législatives de 2007.
Le schéma de fusion des deux groupes prévoit une réduction de la part de l'Etat dans le capital de GDF à un peu plus du tiers (80% actuellement), et donc une privatisation du groupe gazier. Or, une loi de 2004, défendue par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre des Finances, stipule que la participation de l'Etat ne peut pas descendre en dessous de 70%. D'où la nécessité de revenir devant le Parlement.
Actuellement, nombre de députés UMP redoutent l'impact politique et électoral d'un vote destiné à revenir sur ce qu'ils ont avalisé deux ans auparavant. D'autant que le PS et le PCF ont prévenu qu'ils ne manqueraient pas de rappeler tout au long du débat la "promesse" de l'Etat de 2004.
Les socialistes ont annoncé d'ores et déjà le dépôt prochain de quelque 50.000 amendements, tandis que les communistes, tout aussi hostiles, en préparent "plusieurs milliers". Dimanche, François Hollande a promis "un travail d'empêchement" et une "offensive généralisée contre le gouvernement" des élus PS.
Toutefois, cela ne serait pas un problème pour le gouvernement et les deux entreprises si les députés UMP, qui détiennent la majorité absolue à l'Assemblée, étaient comme un seul homme derrière eux. Mais, comme l'a reconnu le rapporteur du projet de loi permettant la fusion,
Jean-Claude Lenoir, cela n'est pas le cas.
A l'instar du président de la Commission des Finances, Pierre Méhaignerie, ils sont nombreux à s'alarmer d'un risque de flambée des prix du gaz, avec l'ouverture totale du marché de l'énergie au 1er juillet 2007. Dans leurs circonscriptions, ils sont confrontés à la colère des entreprises qui, ayant fait le choix du marché dérégulé, ont vu leur facture énergétique augmenter de 60 à 80%.
M. Méhaignerie plaide pour un retour de ces entreprises aux tarifs régulés moyennant des pénalités. Une solution délicate à mettre en oeuvre pour le ministre des Finances Thierry Breton, qui a promis toutefois de l'étudier.
Dans ce contexte, l'audition, également mercredi par la commission des Affaires économiques, du pdg d'EDF Pierre Gadonneix est très attendue par les élus. Ils voudraient comprendre pourquoi le prix de l'électricité a si fortement augmenté, alors qu'en France, elle est en majorité d'origine nucléaire, et donc non indexée sur le baril de pétrole, contrairement au gaz.
Craignant une explosion des prix avec l'ultime phase de libéralisation de l'énergie en Europe, les députés UMP font donc du maintien de tarifs régulés de l'énergie un préalable à leur soutien au projet de loi.
La semaine prochaine, la commission examinera le pré-rapport de M. Lenoir.