A ce sujet M.Gorbatchev dit son embarras : si l’Amérique tient pour ennemi principal le terrorisme, pourquoi s’arme-t-elle pour une toute autre guerre ?
A Moscou à la conférence « La Russie a-t-elle besoin de l’Occident ? », tenue à l’initiative de la Chambre civile, le thème a été délibérément accentué ainsi : il est évident que les rapports Russie -Occident et surtout Russie - Etats-Unis passent un test de résistance.
En témoigne, en particulier, les récentes déclarations critiques à l’adresse de la politique de Moscou du vice-président des Etats-Unis Dick Cheney, faites à Vilnius au forum des pays riverains de la Baltique et de la mer Noire. La tonalité que s’est permis le vice-président a été extrêmement dure.
Au regard du premier président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev, de telles démarches cachent simplement de l’agacement. Ces derniers temps la Russie devient plus forte, retrouve son rôle d’un grand acteur dans le monde, et cela ne plaît pas à tous en Occident. Celui-ci était parfaitement content de l’état de choses précédent, lorsque la Russie faiblissait. Mais à présent que la Russie se relève, dit M.Gorbatchev, on entend plus souvent des critiques de la part des partenaires occidentaux. Or la Russie ne peut plus rester dans « cet état de mi-étranglement », en reprenant son expression. A ce propos il convient de rappeler que c’était bien M.Gorbatchev qui avait abattu le fameux « rideau de fer ». Pour cette raison, sa critique à l’adresse de l’Occident, en l’occurrence des Etats-Unis, est recevable. De l’avis de l’ex-président de l’Union soviétique, l’organisation d’un « empire panaméricain » est une utopie. Et pourtant c’est vers cet objectif illusoire que tendent les efforts de l’administration Bush. Ces dernières années l’Amérique a désappris à tenir compte des intérêts de la Russie. Et plus vite elle le réapprendra, mieux ce sera pour elle. Néanmoins, le budget militaire des Etats-Unis est de nos jours plus important qu’à l’époque de la « guerre froide ». A ce sujet M.Gorbatchev dit son embarras : si l’Amérique tient pour ennemi principal le terrorisme, pourquoi s’arme-t-elle pour une toute autre guerre ?
Les spécialistes estiment, toutefois, qu’il est tout de même tôt de parler d’une nouvelle course aux armements. Voici l’opinion du membre du comité de la Douma d’Etat pour la sécurité Alexandre Gourov. On ne peut pas considérer que la course aux armements reprend aujourd’hui entre les Etats-Unis et la Russie. D’abord, les Etats-Unis n’en n’ont pas besoin : ils élargissent l’OTAN sans rencontrer d’obstacles. Au fond, c’est leur problème. Nous leur avons bien dit et répété qu’ils gaspillaient de l’argent pour rien. Quant à la Russie, M.Poutine l’a dit clairement que nous ne pouvions nous permettre de faire comme l’URSS. Mais dans le cadre d’un affermissement raisonnable de la défense, il est indispensable de le faire.
De l’avis de l’académicien russe Vélikhov, les intérêts de la Russie et des Etats-Unis se retrouvent dans la sphère de l’énergie, et c’est bien le dialogue énergétique qui permettra aux deux pays d’éviter une nouvelle guerre froide.
The Voice of Russia