L'intervention de Jacques Chirac pour le 14 juillet
Chirac président jusqu'au bout"Je ne suis pas à l'heure du bilan", mais "à l'heure de l'action", a lancé vendredi Jacques Chirac à ceux qui l'enterrent déjà à neuf mois de la fin de son mandat. Il a refusé obstinément de "s'interroger sur le sexe des anges" et d'exclure une nouvelle candidature en 2007, sans pour autant insulter l'avenir: il a affiché des "relations très bonnes" avec Nicolas Sarkozy.
Interrogé depuis les jardins de l'Elysée pour la dernière "garden party" de son mandat, le chef de l'Etat a été pressé de questions sur ses intentions pour la présidentielle de 2007. Alors que son prédécesseur François Mitterrand avait confirmé le 14 juillet 1994 son intention de passer la main, Jacques Chirac, lui, a refusé de lever l'ambiguïté, confirmant simplement qu'il annoncerait au premier trimestre prochain sa décision de se représenter ou non. La question n'est donc "pas d'actualité" et "la seule chose qui m'intéresse, ce sont les résultats".
Bien loin du "je décide, il exécute" du 14 juillet 2004, le climat semblait apaisé vendredi entre Jacques Chirac et son ministre de l'Intérieur. "Mes relations avec Nicolas Sarkozy sont très bonnes et ne posent aucun problème", a-t-il assuré. Il a notamment salué l'action du ministre contre l'insécurité, qui a "amélioré la situation".
Il lui a même apporté un soutien précieux sur le délicat dossier des expulsions d'enfants sans-papiers et de leurs familles : "Je ne crois pas qu'il ait ouvert une boîte de pandore, il a agi comme il convenait d'agir c'est-à-dire qu'il a constaté un problème qui prenait une grande ampleur, qu'il n'était pas question de régulariser l'ensemble et que, par conséquent, il fallait faire une étude détaillée. La France n'a pas pour vocation de laisser entrer tous ceux qui, pour des raisons économiques, veulent entrer". S'agissant de la circulaire Sarkozy du 13 juin qui définit les critères de régularisation des familles sans papiers, il a affirmé: "Je ne suis pas sûr que ce soit le bon (cadre, ndlr) mais je n'en vois pas d'autres, c'est le moins mauvais".
Jacques Chirac n'est pas pour autant allé jusqu'à adouber le président de l'UMP, comme en rêvaient certains sarkozystes. Alors que la décision du parti majoritaire d'investir dès le 14 janvier prochain son candidat -soit avant que Jacques Chirac ne rende publique sa décision- agace la chiraquie, le président sortant a prévenu que cela n'influencerait "en aucun cas" sa décision. L'UMP "prend ses responsabilités (...) comme elle l'entend et je n'ai rien à y voir".
Après avoir longuement évoqué la situation au Proche-Orient, il s'est donc résolument projeté vendredi dans "l'action", en détaillant la feuille de route de son gouvernement pour les prochains mois: poursuite de la baisse du chômage -"l'objectif" est arriver en dessous de 8% "d'ici un an"-, "baisse des charges", réforme de la justice "avant la fin de l'année", création d'un "service public de l'orientation pour les jeunes", et réforme du "dialogue social", afin que, dorénavant, "il ne soit plus possible de toucher au code du travail sans avoir préalablement eu une concertation entre les organisations syndicales et professionnelles".
Jacques Chirac a également réclamé une réforme de "l'actionnariat ouvrier", car "il n'y aura pas de réponse aux besoins légitimes des Français d'augmentation de leur pouvoir d'achat s'il n'y a pas une réforme sur l'actionnariat ouvrier".
Après avoir confirmé que l'instauration d'une allocation de rentrée pour les étudiants était bien "à l'ordre du jour", il s'est aussi dit "favorable" à une réforme des stocks-option, afin "qu'on encadre ce système".
Il a également tenu à défendre son action depuis 2002, quitte à sembler esquisser un début de bilan: "Nous avons su en quelques années réformer complètement notre armée", "aménager nos retraites pour les sauver" et réformer "notre assurance-maladie", a-t-il rappelé. "Ce sont des choses que nous avons faites".
Quant à la baisse des impôts, "j'avais dit: on fera 30%" pendant la campagne présidentielle, "on en a fait 17". Mais cela représente tout de même "600 euros par personne" et "si on avait eu un peu plus de croissance, on aurait fait ce qui avait été envisagé", a-t-il assuré, en laissant pointer un regret. AP