Sarkozy: le couvre-feu doit être proportionné à la menace
TOULOUSE (AFP) - Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'est engagé mardi soir, lors d'une visite à Toulouse, à mettre en oeuvre les couvre-feux "d'une manière proportionnée à la menace".
"C'est à moi qu'il revient de mettre en oeuvre cette décision, je l'appliquerai partout où ce sera nécessaire, je l'appliquerai avec mesure mais je l'appliquerai", a assuré M. Sarkozy lors d'une visite en début de soirée à la direction départementale de la sécurité publique.
"Tous les Français sont favorables à la fermeté", a ajouté le ministre. "La notion de couvre-feu doit être mise en place d'une manière proportionnée à la menace". Cette procédure d'exception fera l'objet d'une "application mesurée" qui ne mettra "en cause la liberté de personne", avait-il déclaré dans l'après-midi lors d'un débat à l'Assemblée nationale sur la crise des banlieues.
Comme lors de ses déplacements à Evreux ou en région parisienne les nuits précédentes, M. Sarkozy s'est dit "fier" du travail des policiers tout en les appelant à continuer à garder leur sang-froid. Il leur a rappelé "le respect que l'on doit à chacun en ne tutoyant pas et en n'utilisant la force que quand elle est nécessaire pour interpeller et dissuader".
"Nombreux sont les pays qui ont connu des émeutes urbaines, Etats-Unis, Grande-Bretagne. Ce n'est pas une spécificité qui nous est réservée. Dans nombre de ces pays, il y a eu des morts", a dit le ministre se félicitant que "jusqu'à présent, rien ne pouvait être reproché" aux forces de l'ordre.
Le ministre a ensuite été interrogé par des journalistes sur la police de proximité, que la gauche lui reproche d'avoir abandonnée, un changement de stratégie amorcé à Toulouse en 2002: "Vous allez dire à tous ces messieurs qu'ils ne sont pas la police de proximité ?", a répondu Nicolas Sarkozy en désignant des membres de la Brigade anticriminalité (BAC).
"La police de proximité, c'est celle qui est sur le terrain", a-t-il dit. "Le lien social, c'est extrêmement important, mais pour cela il y a des éducateurs", a-t-il poursuivi. "Depuis qu'on a changé l'organisation à Toulouse, le taux d'élucidation est passé de 11 à 30%", selon le ministre de l'Intérieur.
Lors d'un déplacement à dans cette ville fin 2002, le ministre avait déclaré: "vous n'êtes pas des travailleurs sociaux (...) les citoyens attendent d'abord de vous que vous arrêtiez les délinquants". Trois semaines plus tard, il avait remplacé le directeur départemental de la sécurité publique Jean-Pierre Havrin, un ancien du cabinet de Jean-Pierre Chevènement à l'Intérieur et pionnier de la police de proximité.