Ségolène Royal: "j'ai besoin du vote des femmes"
La candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a affirmé dimanche lors d'une réunion publique à Achicourt (Pas-de-Calais) avoir "besoin du vote des femmes" pour écrire "une nouvelle page de l'histoire de France".
"Je voudrais m'adresser aux femmes: j'ai besoin du vote des femmes. On me dit que pour certaines femmes, c'est trop révolutionnaire que de voir l'Etat et la nation incarnés par une femme", a déclaré Mme Royal devant plusieurs centaines de personnes réunies en plein air, sous un franc soleil, dans cette petite commune près d'Arras.
"Je leur dis que là aussi il est temps de mettre fin à des siècles d'injustice, de marginalisation, il est temps de mettre fin à ces préjugés qui n'ont pas de sens", a ajouté Ségolène Royal, pour qui "on voit bien que ça bouge à l'échelle de la planète".
La candidate a réaffirmé vouloir établir la "parité" en matière d'égalité salariale entre hommes et femmes et combattre "cette violence particulière faite aux femmes".
Estimant qu'un "mouvement populaire est en train de se lever", elle a appelé les militants à se mettre en ordre de bataille.
"J'ai besoin que vous alliez convaincre autour de vous et que vous puissiez dire à chaque citoyen et à chaque citoyenne: ayez l'audace de ce vote", leur a-t-elle lancé."Le monde entier nous regarde", a-t-elle affirmé, confiant être "habitée d'une grande gravité" parce qu'elle "(sait) que l'histoire de France est en train de s'écrire".
"Je veux être la présidente de la France, présidente pour vous rendre le pouvoir pour relever la France, pour vous donner un désir d'avenir pour que nous soyons fiers de ce que nous allons devenir", a-t-elle encore affirmé.
Au cours de son discours, la candidate a par ailleurs ironisé sur les appels lancés par Michel Rocard et Bernard Kouchner à une alliance avec le centre.
"Dans cette campagne rien ne me sera épargné, même les choses les plus inattendues", a-t-elle soufflé, confiant s'attendre "encore à des surprises dans la semaine qui vient".
Déjà dans la matinée, Ségolène Royal avait estimé lors d'un forum sur Radio J, que dans son propre camp, "on ne lui aura pas épargné grand chose" pendant la campagne présidentielle, mais en ajoutant que cela avait permis de "prouver sa résistance".
"J'avoue qu'on ne m'aura pas épargné grand chose en effet dans mon camp. Peut-être qu'on me fait payer une certaine forme de liberté", a commenté la candidate socialiste. Elle était interrogée sur l'appel de Michel Rocard relayé par Bernard Kouchner en faveur d'une "alliance" avec l'UDF, les initiatives des collectifs Gracques et Spartacus, le pamphlet d'Eric Besson.
Sans citer de noms, Ségolène Royal a affirmé qu'"un certain nombre de personnalités au sein du PS n'ont jamais accepté" sa désignation par les militants. "Cela ne m'aide pas. Mais je me dis de façon optimiste que c'est le prix de ma liberté et que finalement cela prouve que j'ai beaucoup de résistance, de constance", a-t-elle ajouté.
Revenant sur les appels à une "alliance" avec François Bayrou, Mme Royal a réaffirmé que la présidentielle était fondée sur "un lien direct entre une personne et le peuple français". "Je ne suis pas pour les petits arrangements avant le vote, dans le dos des électeurs", a-t-elle dit, expliquant qu'"entre les deux tours la majorité présidentielle se construira avec tous ceux qui viendront autour d'(elle)". "C'est la logique de l'élection présidentielle", a-t-elle insisté.
Mme Royal a indiqué "attendre sereinement le vote du premier tour et attendre avec impatience la confrontation entre les deux tours pour que, cette fois-ci, les Français ne soient pas privés d'un véritable choix politique".
Quant à François Bayrou, a-t-elle dit, "j'observe qu'il n'a pas de programme et qu'il n'a pas d'équipe" et "fait des appels d'offres". "Il tente de débaucher un certain nombre de socialistes sans succès", a-t-elle dit.
"Comment se fait-il qu'un homme politique ait assez peu de convictions, soit assez faiblement structuré qu'il puisse avouer aux électeurs qu'il ne défendra pas les mêmes idées et le même programme selon qu'il sera face au candidat de droite ou face au candidat de gauche" au second tour, s'est-elle demandée.
Samedi elle avait déclaré qu'elle se battait "pour être qualifiée pour le second tour, pour arriver en finale", lors d'une "rencontre avec les Outremers" à laquelle ont participé pendant près de quatre heures un millier de personnes, membres d'associations, élus, dans le gymnase Jean Jaurès à Paris (XIXe).
"Je veux rassembler toute la gauche au premier tour parce que si je rassemble toute la gauche les Français auront droit à un vrai choix pour le second tour", a-t-elle déclaré.
"Je me bats pour être qualifiée pour le second tour, pour arriver en finale", a-t-elle ajouté. "J'entends bien les conseils prodigués ici et là. je les entends, je les écoute, je les respecte", a-t-elle dit, une allusion probable aux déclarations de Michel Rocard appelant à une "alliance" avec le candidat de l'UDF avant le premier tour.
"Mais ma responsabilité, c'est de rassembler le plus grand nombre possible de Français dès le premier tour car c'est du score du premier tour que dépendra la dynamique de victoire pour le second tour, voilà la vérité !", a-t-elle lancé. "A travers vous, je m'adresse à des centaines de milliers de nos compatriotes dans l'outre-mer. Ils ont en effet une responsabilité particulière: certains vont voter avant l'Hexagone, le 21 avril", a-t-elle souligné. "Je me bats pour la victoire car je pense que la France mérite mieux que ce qu'elle a, pour que la loi du plus juste remplace la loi du plus fort", a encore expliqué la candidate socialiste.