Affaire Clearstream : perquisition
au siège Canard enchaîné
NOUVELOBS.COM | 11.05.2007 | 11:42
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Le juge rechercherait un document sur du général Rondot sur de résumés "comptes japonais" de Jacques Chirac. Les journalistes ont refusé de lui donner les clefs de la rédactions. Un autre juge s'est rendu au cabinet de l'avocat de Nicolas Sarkozy.
Une perquisition était en cours vendredi matin 11 mai dans le cadre de l'affaire Clearstream, aux locaux de la rédaction du Canard Enchaîné. Un autre juge, accompagné d'un expert, s'est par ailleurs rendu un peu plus tard dans la matinée au cabinet de Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy.
Les juges sont entrés dans l'immeuble de l'hebdomadaire vers 9h30 mais n'avaient pas les clés pour pénétrer dans la salle de rédaction, selon les mêmes sources.
Selon plusieurs membres de la rédaction joints par téléphone, cette perquisition s'inscrit dans le cadre d'une enquête sur la violation du secret de l'instruction dans l'affaire Clearstream concernant notamment les notes du général Rondot.
Temps de transmission
De son côté, la juge Françoise Desset, accompagnée d'un expert, est restée une vingtaine de minutes dans le cabinet de l'avocat. Ce transport de justice entre également dans le cadre de l'enquête sur la violation du secret de l'instruction, a-t-on appris auprès de l'avocat.
Selon cette source, elle a étudié le temps de transmission du fac similé de l'interrogatoire de mars du général Rondot par le fax de l'avocat et a observé que cela ne correspondait pas au temps de transmission des documents envoyés au Canard Enchaîné, qui les avaient publiés.
Elle a donc "constaté que les documents n'avaient pas pu être envoyés depuis cette machine", a assuré l'avocat à l'AFP.
Me Herzog a par ailleurs affirmé qu'il avait reçu une copie du dossier le 12 juin 2006 et que l'article incriminé avait été publié dans l'hebdomadaire du 10 mai 2006.
Les "comptes japonais"
Claude Angeli, rédacteur en chef du Canard Enchaîné, a de son côté affirmé que le juge cherchait "un document (du général) Rondot" sur de présumés "comptes japonais" de Jacques Chirac.
Ce document avait été publié par le journal satirique en 2006, au plus fort de l'affaire Clearstream.
"Le juge cherche un document (du général) Rondot sur le président de la République et ses comptes japonais", a déclaré Claude Angeli à la presse sur le perron de l'immeuble.
Il a estimé par ailleurs "tout à fait inadmissible" cette perquisition menée au siège de l'hebdomadaire satirique.
Les clés de la salle de rédaction
Les journalistes du Canard Enchaîné ont refusé vendredi matin de lui donner les clés permettant d'ouvrir la salle de rédaction, a déclaré l'un d'eux à l'AFP.
"On ne l'aide pas, on ne lui donne pas les clés. On ne va pas, bien sûr, s'y opposer par la force, mais on ne lui facilite pas la tâche", a expliqué Louis-Marie Horeau, l'un des journalistes de l'hebdomadaire.
Il a précisé que le juge Thomas Cassuto avait demandé un serrurier pour ouvrir la salle de rédaction.
"Il s'agit bien de l'affaire Clearstream, a-t-il ajouté, le juge cherche un document et Claude Angeli, le rédacteur-en-chef, lui a dit: ''ce document, nous ne l'avons pas et si on l'avait, on l'aurait mangé''".
"Ils veulent savoir qui a informé la presse sur Clearstream. Ils peuvent toujours chercher", a déclaré un membre de la rédaction sur place à la presse, maintenue à l'extérieur du siège du journal, dans 1er arrondissement de Paris.
"Totalement illégale"
"C'est une perquisition que nous considérons comme totalement illégale par rapport à la convention européenne des droits de l'Homme qui proscrit toute perquisition dans une entreprise de presse", a ajouté Louis-Marie Horeau.
Plusieurs autres journalistes de l'hebdomadaire satirique, de même que de Libération, du Monde, du Parisien et du Nouvel Observateur, avaient été entendus le 14 décembre comme témoins par les magistrats chargés d'enquêter sur la "violation du secret de l'instruction" dans l'affaire Clearstream. (avec AFP)