Nicolas Sarkozy a pris un peu plus ses distances avec Jacques Chirac, dont il entend briguer la succession à la faveur de l'élection présidentielle de 2007.
Lors de ce scrutin, "on n'élit pas un arbitre, on élit un leader qui doit dire avant les élections ce qu'il fera et qui doit faire après les élections ce qu'il a dit", a déclaré le ministre de l'Intérieur devant quelque 1.200 personnes réunies dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, dans le cadre du forum "La Cité de la Réussite".
Nicolas Sarkozy a prôné "la franchise dans le débat" et "la responsabilité dans l'action" afin de "régénérer" la démocratie française. "Et croyez-moi, il n'y a pas le temps d'attendre, il faut le faire et tout de suite", a-t-il lancé.
Le président de l'UMP a souhaité que la prochaine campagne présidentielle soit "une forme de référendum démocratique" sur "les grands sujets de préoccupation de la France".
Il a pris au passage le contre-pied de Jacques Chirac à propos de deux des grandes décisions du chef de l'Etat - la suppression du service national au début de son premier mandat et le référendum sur la Constitution européenne en mai 2005, qui s'est soldé par une victoire massive du "non".
"Je ne suis pas persuadé que faire voter ou adopter par référendum une Constitution de plusieurs centaines d'articles soit la formule la plus adaptée", a-t-il dit. "En revanche, la décision de supprimer ou de poursuivre le service national me semblait adaptée au référendum".
Nicolas Sarkozy a aussi réaffirmé publiquement son désaccord avec Dominique de Villepin sur le "contrat première embauche", que le Premier ministre a dû retirer sous la pression de la rue, au printemps, après avoir tenté de faire adopter en force au Parlement ce contrat de travail réservé aux moins de 26 ans.
"Je ne suis pas d'accord avec un contrat de travail spécifique (...) sur la base du critère de l'âge, ça n'a pas de sens", a-t-il dit. "J'ajoute qu'on avait promis de simplifier le droit du travail, ce n'est pas pour le complexifier."
"PROCES EN SORCELLERIE" ET "DELIT DE SALE GUEULE"
Il a de nouveau laissé entendre qu'il resterait au gouvernement jusqu'au congrès de l'UMP qui désignera le 14 janvier le candidat soutenu par le parti - "J'ai à faire mon boulot jusqu'à la dernière minute où c'est possible."
"On me dit 'faites attention parce qu'avec votre boulot ça inquiète'. Si je n'inquiétais pas, à quel niveau serais-je dans les sondages!" a ironisé Nicolas Sarkozy, qui devance de loin les autres dirigeants de droite dans les enquêtes d'opinion.
Il a cependant tenu à dénoncer les "procès en sorcellerie", "délit de sale gueule" et autres "méthodes fascistes" dont il se dit la cible après des déclarations controversées sur la délinquance, les banlieues ou l'immigration.
"Ça fait 25 ans que je fais de la politique (...) Aucun propos, aucun fait de ma part n'a été contraire à l'idée qu'on peut se faire de la démocratie et de la République", a affirmé Nicolas Sarkozy. "Il y a des millions de Français qui peuvent se retrouver dans ce que je dis."
"Là où on voit que je divise, moi je crois au contraire que, par les idées que j'amène, par les débats que je suscite, je vais réconcilier une grande partie du pays avec la politique, parce que la politique c'est prendre des risques, c'est le courage d'assumer des convictions", a-t-il poursuivi.
Un message aux Français visant également les "chiraco-villepinistes", qui lui livrent une guérilla de moins en moins feutrée pour contrecarrer ses velléités de "rupture".
"Si vous attendez de moi que je fasse comme les autres, c'est-à-dire du bruit avec ma bouche et des sons avec les mots, ce n'est pas ce que je veux faire. Je veux changer la France", a ajouté le président de l'UMP.