PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy réaffirme son intention d'organiser des primaires pour la désignation du candidat UMP à l'élection présidentielle de 2007, une idée qui suscite les réserves des chiraquiens.
"Je suis parfaitement serein. Ceux qui ne sont pas d'accord (...) iront donc expliquer aux 200.000 adhérents de l'UMP qu'ils ne veulent pas qu'ils puissent donner leur avis. Je leur promets un très grand soutien", a déclaré le président de l'UMP et ministre de l'Intérieur au Grand Jury RTL LCI Le Figaro.
Nicolas Sarkozy, qui réunit mardi prochain le bureau politique de l'UMP pour statuer sur l'organisation de cette consultation des adhérents du parti, s'est insurgé contre le credo gaulliste rappelé jeudi dernier par Dominique de Villepin, son possible rival pour la présidentielle.
Interrogé lors de sa conférence de presse mensuelle, le Premier ministre, dauphin de Jacques Chirac, a souligné que la présidentielle était "la rencontre entre un homme et un peuple, une relation qui se noue au moment de l'élection présidentielle et qui fait la spécificité de cette élection".
"François Mitterrand a été élu deux fois président de la République, deux fois il a été désigné par le Parti socialiste. François Mitterrand n'a pas rencontré le peuple français ? Jacques Chirac à chaque fois a été désigné par son mouvement politique. Il n'a pas rencontré le peuple français ?" a lancé Nicolas Sarkozy.
"Je me bats pour un pays qui est au 21e siècle pas pour un pays qui est en 1960 et je n'ai pas la vision politique d'un guide suprême, infaillible parce qu'il a rencontré le suffrage universel", a-t-il ajouté.
"Avec le système que je propose, ça ne veut pas dire que tel ou tel autre membre de ma famille ou d'une autre famille n'a pas vocation à être candidat, simplement ça permettra, un détail, de décider qui peut bénéficier du soutien de l'UMP et de ses financements", a souligné le ministre de l'Intérieur.
Nicolas Sarkozy a ajouté qu'il n'était d'ailleurs "pas sûr" que Dominique de Villepin soit opposé au système des primaires. "Lorsque nous avons déjeuné mardi dernier, (...) il ne m'avait pas l'air très froid", a-t-il glissé.
CONTRE-OFFENSIVE DES CHIRAQUIENS
Déjà favori des sondages, le ministre de l'Intérieur compte bien être sacré par les militants lors du congrès prévu en janvier 2007 avant le début de la campagne présidentielle.
Il a indiqué dimanche qu'il ferait connaître ses intentions "à l'automne 2006". "Un élément qui ferait que je n'irais pas, c'est si, au lieu de faire gagner, je faisais perdre", a-t-il précisé.
Face au rouleau compresseur lancé par le président de l'UMP, les chiraquiens ont engagé une contre-offensive.
Renaud Dutreil, l'un des fondateurs de l'UMP aux côtés du chiraquien Alain Juppé en 2002, a rappelé qu'un membre de l'UMP pouvait très bien se présenter à la présidentielle sans bénéficier du soutien du parti.
La "consultation du congrès" du parti, c'est-à-dire les adhérents, "n'interdit pas à un membre de l'UMP de se présenter, sans le soutien de l'Union, à l'élection présidentielle et n'altère pas, comme l'a d'ailleurs montré la pratique politique depuis 1962, la nature particulière de l'élection présidentielle en France", a déclaré dans un communiqué le président de la commission permanente des statuts et du règlement intérieur.
Jean-François Copé, ministre délégué au Budget et porte-parole du gouvernement, s'est dit pour sa part "plutôt proche" de ceux qui pensent que l'élection présidentielle "c'est d'abord un lien entre un homme ou une femme et les Français".
"Je ne suis pas certain qu'on soit capable de traiter de cette question en une heure de réunion dans notre bureau politique mardi. Ça vaut peut-être la peine d'aller beaucoup plus au fond", a-t-il dit sur Europe 1.
Cinq députés UMP, dont quatre proches du Premier ministre, ont appelé dans une tribune publiée samedi par Le Figaro à rester "fidèles à l'esprit de la Ve République". Pour Georges Tron, Guy Geffroy, Jacques Le Guen, Hervé Mariton et Marie-Jo Zimmermann, des primaires risqueraient "d'affaiblir" l'UMP "par des campagnes internes dont ne sortiraient que la division et tous les risques qu'elles comportent".
Il sera difficile pour les chiraquiens de s'opposer à la mise en place des primaires. Le bureau politique est dans sa grande majorité acquis à Nicolas Sarkozy. Matignon a indiqué dimanche que Dominique de Villepin n'avait d'ailleurs pas prévu d'assister au bureau politique, dont il est membre de droit.